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SITUATION NATIONALE: Le gouvernement Roch pourra-t-il relever les défis juridiques et sécuritaires que lui a légués la Transition?

Au lendemain de l’élection de Roch Marc Christian KABORE et alors que les nouvelles institutions se soient installées progressivement dans leur rôle, des questions fondamentales comme celles liées à la sécurité, notamment aux attaques terroristes à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, à la justice dans les dossiers de crimes économiques et de sang sont encore vivaces et animent les débats tant dans les foyers que dans les services. Les burkinabé sont partagés entre espoir et doute, surtout en ce qui concerne la gestion de cet héritage  politico-militaire que la transition a légué au nouveau président élu. Mais ces doutes sont-ils vraiment fondés ?


Les Burkinabé ont-ils de vraies raisons de craindre qu’entre sa volonté de tenir ses promesses de campagne et  les réalités qu’impose l’exercice du pouvoir, le président KABORE soit tenté déposer le pied sur certains dossiers politico-militaires plutôt brûlants ?

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Le gouvernement Roch pourra-t-il relever Les défis juridiques que lui a légués la Transition?

En d’autres termes, de quelle marge de manœuvre dispose le président Rock pour satisfaire la soif de justice et de sécurité  de ses compatriotes qui l’ont élu massivement et qui veillent scrupuleusement à ce que « plus rien ne soit comme avant »?

Les chantiers qui attendent la nouvelle équipe gouvernementale sont  légions. En effet, la  santé,les voies de communication ou encore l’éducation, le  Commerce, la mise en place d’une agriculture moderne, l’autonomisation des femmes, sont des chantiers tous aussi prioritaires les uns que les autres qui attendent la nouvelle équipe gouvernementale.Quoi de plus normal du reste, pour un pays qui sort de 27 longues années de gabegies, de détournements et de mensonges politiques ? L’un des chantiers les plus sensibles et sans doute le plus pressant, est sans conteste celui des dossiers judiciaires que la transition a mis sur les rails avant de remettre les gouvernes du train au président élu. « Patates chaudes ! »Estiment certains analystes de la scène politique nationale. Ce d’autant plus qu’il lui serait très difficile d’avancer en fermant les oreilles aux slogans «Réconciliation, d’accord mais  Justice d’abord. » Instaurer un climat de sécurité, rendre Justice à tous ceux qui ont souffert dans leur chaire et dans leur âme des abus de pouvoir exercés contre eux par le régime déchu, semble donc être la première priorité de la nouvelle équipe que dirige le premier ministre Paul Kaba. Que la mission soit lourde, personne n’en doute.

Mais qu’en est-il de savoir si les craintes des Burkinabè de ne pas voir la justice régler en toute indépendance ces dossiers de crimes économiques ou de sang ?

Il faut dire que la transition a largement et soigneusement balisé le terrain des dossiers juridiques, ou tout au moins, les plus brûlants ; Qu’il s’agisse des dossiers Thomas Sankara, Norbert Zongo ou de ceux liés aux meurtres perpétrés pendant l’insurrection et le putsch du général Diendéré, tous ces dossiers ont connu un début de traitement.Des arrestations ont été opérées et des mandats d’arrêt,  émis à l’endroit de ceux qui se sont rendus coupables de crimes économiques ou d’assassinats. Ces interpellations et arrestations ont dissuadé ceux qui voulaient mettre le feu au pays. Ce faisant, on voit mal comment les nouvelles autorités pourraient être tentées de mettre le pied dessus.

Cela dit, ce doute qui taraude l’esprit des Burkinabè est tout-à-fait légitime, eux qui ont pendant 27 ans, expérimenté ce que valent les promesses des hommes politiques. Par ailleurs, il faut reconnaître que le simple fait d’être des transfuges du système Compaoré suffit à rendre les  Burkinabè méfiants et à ne pas de prime abord leur donner le bon Dieu sans confession .Mais si le nouveau régime décidait de freiner le bon aboutissement des dossiers juridiques il est certain qu’elles trouveraient encore sur leur chemin, le même peuple pour les rappeler à l’ordre. Au demeurant, la séparation des pouvoirs désormais effective, devrait permettre de veiller à ce que de telles dérives, caractéristiques des régimes autoritaires, ne se reproduisent  pas. En tout cas, les Juges burkinabè ont désormais les mains libres, et toutes les garanties juridiques nécessaires pour légiférer en toute indépendance.Et les Organisations de la société civile(OSC) tout comme les syndicats,les personnalités coutumières et religieuses devraient veiller à ce qu’il n’y ait aucune interférence de l’exécutif dans le judiciaire.Aux juges burkinabé doncde se montrer à la hauteur de leur mission et surtout d’avoir assez de cran pour ne pas s’autocensurer et suffisamment d’intégrité pour ne pas trahir leur serment pour un poste ou une poignée de CFA.

Mariam KONE et Jacques SAWADOGO

Pour débuter son mandat,  l’héritage laissé par la Transition apparait comme un lourd fardeau sur les épaules du nouveau régime en place et pour le Président Roch Marc Christian Kabore. Cela se complique avec les promesses de campagne et le souhait de changement tant attendu par les populations. Certains dossiers judiciaires pour le moins sensibles, des reformes politiques constitutionnelles, le problème du chômage des jeunes et surtout la relance de l’activitééconomiques’avèrentnécessaires pour satisfaire les attentes des populations. Alors se pose la question de savoir quelle doitêtre la priorité du nouveau régime. D’abord, en matière de justice, les affaires Thomas Sankara et Norbert Zongo avaient été ouverts et des juges d’instructions sont en charge de réunir tous les éléments qui permettent d’avoir des procès selon les règles de l’art. On sait que le dossier Thomas Sankara pourrait impliquer des personnalités d’autres pays avec lesquelles le Burkina a d’importantes relations. Dans ce cas, un choix va s’imposer au présidentRoch : serait-il tenter de privilégier ces bonnes relations au détriment de la manifestation de la vérité ? Dans le cadre de cette affaire, le tribunal militaire a été saisi et poursuit son travail d’informations judiciaires. Certaines personnes sont inculpées dont le générale Gilbert Diendere et des témoins ont été entendus. La veuve du président sankara a été également entendue. Pour les besoins de l’enquête un mandat d’arrêtinternational est lancé contre l’ancien président blaise Compaoré aujourd’hui  refugié  du côté de la lagune ébrié.  C’est donc dire que les nouvelles autorités disposent d’arguments nécessaires pour organiser un procès de l’ancien président au Burkina. L’envoi du mandat d’arrêtrépondà ce besoin. Mais un refus de coopération de la part des autorités ivoiriennes de remettre à la justice de son pays blaise Compaoré, peut compliquer les relations entre la Cote d’Ivoire et le Burkina Faso. En effet ces deux pays voisins sont depuis très longtemps liés par des traditions de bonnes relations. Face à cette situation, la Cote d’Ivoire se trouve sous pression. Les bons usages  en matière de coopérations judiciaires internationales voudraient quelle livre l’ex chef d’Etat burkinabé pour  ne pas  se voir refuser si jamais elle se trouve dans la même situation. Par ailleurs de par Interpol, le Burkina peut aussi exercer une pression contre le gouvernement ivoirien quand bien mm que le refus a cette institution de remettre Compaoré, pourrait leur être regrettable. Mais le gouvernement ivoirien a un prétexte  d’où  le fait que Blaise étant marié à Chantal fait de lui un ivoirien. Ainsi il préfèrerait tout seul juger ce dernier sur son territoire.

La crainte pour la population burkinabé se situerait cependant au niveau du fait que les dossiers brulants légué par la transition peuvent êtrel’objet d’un ralentissement. L’on se pose donc la question de savoir si les chefs d’accusations des  détenus politiques seront revus par le gouvernement actuel. Car, ils ont bien intérêt à ne pas le faire du fait que les initiatives avaient déjà été prisent par la transition. Il leur sera donc très difficilede fairemarche arrière à moins qu’il refused’avancer et comme on le dit <<qui n’avance pas recule>>. Toutefois les organisations de la société civile jouent un rôle de veille au cas où une tentative de révision est en vue.Car <<quand un serpent te mord même le ver de terre te terrifie>>.

On va toutefois fermer les yeux et faire confiance au nouveau gouvernement et en la justice. Car on pense en toute logique que la justice burkinabé est suffisamment indépendante pour arrêter certaines autorités de premier plan. Même si cela concerne quelques-uns du  nouveau régime, comme Salif Diallo par exemple, si elles étaient mises en causes dans des affaires de crimes économiques ou de sang.

NB   le sort qui sera réservé au rapport de la commission réconciliation nationale et des reformes ainsi que le passage à une 5eme république n’ont pu être abordé