SITUATION NATIONALE AU BURKINA : Le PIB sonne la fin de la recréation

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La situation sociopolitique nationale ne laisse pas indifférente Le Parti pour l’Indépendance du Burkina(PIB) de Maxime Kaboré qui dit constater de plus en plus au Burkina, une érosion de la conscience citoyenne et démocratique qui  » touche autant aux valeurs qu’aux règles de vie en société les plus élémentaires ». Pour une sortie de cette conscience morose, Le PIB  dans une déclaration  parvenue à notre Rédaction,   ouvre une troisième Troisième Voie qui se présente sur le plan doctrinal, comme une tentative de « relecture » du monde contemporain ou plus exactement comme une réponse  aux transformations que subissent actuellement les sociétés modernes.


Alors que la mondialisation avait ouvert tous les espaces du monde, le contexte international est aujourd’hui marqué par les replis identitaires nés de la métastase du péril terroriste et de la crise économique consécutive à la déconnection du système financier de la production réelle des entreprises par le biais de la spéculation boursière. La gestion de cette nouvelle donne sociopolitique s’est caractérisée soit par la montée en puissance des partis ultranationalistes, la faillite du système politique classique marqué par les oppositions traditionnelles entre la gauche et la droite comme on l’a vu en France et les velléités de retour à une économie protectionniste comme le montre l’Amérique de Donald TRUMP. Il est né de ces transformations du système politico-économique mondial l’idée d’une troisième voie, Troisième Voie qui se présente avant tout, sur le plan doctrinal, comme une tentative de « relecture » du monde contemporain ou plus exactement comme une réponse – en fait comme la seule véritablement valable et opératoire suite à l’échec des précédentes – aux transformations que subissent actuellement les sociétés modernes.

En Afrique si globalement le nouveau printemps démocratique né de la révolution du jasmin en Tunisie s’est soldé par de grandes avancées démocratiques sur le continent comme il a été constaté au Burkina Faso par la chute du régime Compaoré, il reste encore des poches de résistances comme l’exception togolaise en Afrique de l’Ouest ou l’anti-exemple burundais qui s’est révélé contagieux avec les deux Congo. A cette soif de démocratie sur le continent vient aujourd’hui s’ajouter la soif de sécurité.

En effet l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi a fait de la Libye une ruche d’où sont partis des essaims de djihadistes vers la bande sahélo-saharienne devenue le nouvel eldorado du terrorisme en raison de la fragilité des États et de la porosité des frontières.

C’est dans ce contexte que Burkina Faso post-insurrectionnel, se fraye non sans difficultés sa voie vers le progrès. Les défis essentiels se résument à la sécurité, à la justice et réconciliation nationale et à l’amélioration de la gouvernance au plan social et économique.

Au plan sécuritaire, longtemps épargné par les groupes armés actifs au Sahel, le Burkina Faso estprésentement confronté à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières visant la partie nord du pays. Si l’insécurité résulte en grande partie d’une extension du conflit malien, la crise au Nord du Burkina révèle une dynamique sociale endogène. Présenté comme lié aux djihadistes actifs dans le Sahel, le groupe armé Ansarul Islam, qui semble être l’acteur principal de l’insécurité, est de plus en présenté par les analystes comme mouvement de contestation de l’ordre social qui prévaut dans la province du Soum en particulier  et dans la région burkinabè du Sahel en général. C’est pourquoi la situation sécuritaire nationale exige une réponse globale, et non uniquement militaire, et que sa résolution définitive dépend en partie de la situation au Mali. Mais cette réponse doit surtout tenir compte des dimensions sociales et locales de la crise, qui prévalent sur ses dimensions religieuses ou sécuritaires.

En ce qui concerne la question de la réconciliation nationale, les débats sont encore très tranchés entre les partisans de la triptyque- vérité – justice – et réconciliation et ceux du pardon pour aller à la réconciliation. Si l’on ne peut nier l’importance du pardon pour notre pays, en l’occurrence la participation de tous à la construction de l’édifice commune et la nécessité de solder le compte avec notre histoire, il semble que ce pardon exige une condition essentielle : la démarche de l’offenseur.Il serait souhaitable et même nécessaire que ceux qui ont offensé le Burkina, ceux qui ont commis des crimes, fassent preuve d’une repentance honnête et sincère. Justice et vérité facilitent le long processus qu’est le pardon aux vertus d’apaisement et de guérison.

Enfin, la gouvernance actuelle reste marquée par la faiblesse de l’autorité d’un État qui fait face à un front social permanemment en ébullition. Ainsi, le PNDES dans ces conditions peine à remplir les conditions de son décollage pour satisfaire les immenses besoins des populations rongées au quotidien par la pauvreté, les problèmes de santé et d’éducation. Il apparait plus qu’urgent que le chef de l’Etat ne se contente pas du simple appel à la trêve sociale qu’il a lancée mais qu’il crée les conditions d’un large dialogue social pour renouveler le contrat social et partir d’un nouveau pied d’ensemble.

Au plan politique, le paysage national, à la suite des élections législatives et présidentielle de 2015, est caractérisé par deux courants de partis politiques. Il y a d’une part, le bloc de partis constitués autour du Mouvement du peuple pour le progrès, le MPP, parti au pouvoir. Ils sont réunis au sein de l’APMP, l’Alliance des partis membres de la mouvance présidentielle. Et d’autre part, il y a des partis réunis au sein du CFOP-B, le Chef de file de l’opposition politique du Burkina Faso. Il manque une troisième ligne, absolument nécessaire : Celle des partis qui ne sont ni de la majorité, ni de l’opposition politique, et de surcroit propose un modèle originel de développement économique et social porteur d’espoirs.

Après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et le processus de Transition qui a abouti à l’organisation d’élections apaisées, le  Burkina Faso est toujours à la croisée des chemins. Le système de santé est sous perfusion, l’insécurité va grandissante, l’économie peine à décoller, l’éducation se porte mal, les syndicats grondent et montent au créneau ; en somme le malaise social est très profond.  Le gouvernement semble être dépassé et tarde à apporter des réponses adéquates aux fortes attentes des populations qui rêvaient d’un Burkina nouveau avec le départ de Blaise Compaoré. Dans un tel contexte, seule l’union des forces, la tolérance et la réconciliation nationale peuvent permettre de faire face aux nombreux défis. Mais en lieu et place de l’apaisement des cœurs, on abreuve le peuple de discours haineux et on adopte des postures guerrières aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition.

Pour le Parti indépendant du Burkina (PIB), il est impératif pour chacun de prendre la pleine mesure de la situation de notre pays  qui connait une crise sociale, politique, économique et morale. Il est dangereux de souffler sur les braises pour attiser les flammes susceptibles de mettre en péril la paix sociale gravement menacée.

Le PIB et d’autres sensibilités sociopolitiques, qui  se situent au-dessus des considérations politiciennes et partisanes, en appellent à la conscience des Burkinabè et à leur sens élevé  de  responsabilité pour qu’ensemble nous sachions raison gardée en mettant en avant l’intérêt supérieur du Burkina  Faso. Cet appel s’adresse non seulement à chaque citoyen mais également à l’ensemble de la classe politique burkinabè.

Le président du Faso, chef de l’Etat est garant de l’unité nationale et de la cohésion sociale. L’heure étant grave il lui appartient, de concert avec les forces politiques, la société civile et les leaders coutumiers et religieux d’entame le dialogue national inclusif et constructif afin de promouvoir la paix et la concorde nationale. Le Burkina Faso a une tradition de dialogue. Il est encore temps de la promouvoir. Il est également temps de calmer les ardeurs de certains acteurs de son camp  car il a la responsabilité politique et morale de la paix dans ce pays.

A l’opposition qui a aussi en son sein des  pêcheurs en eaux troubles, il faut savoir que nous n’avons  qu’un seul pays : le Burkina Faso.

Aux activistes de la société civile, les brebis galeuses doivent rentrer dans les rangs afin que chaque acteur joue pleinement son rôle de veille sociale et citoyenne.

Personne ne sortira vainqueur d’une crise sociale ouverte, c’est notre cher pays  et ses vaillants fils qui sortiront tous perdants. Et c’est notre cher Burkina, qui a déjà du mal à se trouver une place de choix dans le concert des nations, qui reculera. Nous devons nous inspirer des exemples d’ailleurs pour aller dans le sens de l’intérêt général et travailler à booster loin les démons de la division et de la haine qui tendent à prendre le dessus.

Au Burkina Faso, tout reste à croire que la culture politique actuelle en est une politique partisane et de confrontation. Elle alimente un climat malsain qui mène les citoyens à perdre confiance sa classe politique, notamment à ses élus. Si la population n’a plus confiance en ses représentants, pourrait-elle vraiment façonner la société telle qu’elle la désire? Plus le lien de confiance entre le citoyen et le système politique s’estompe, plus les risques de dérapage sont grands.  La perte de vitalité de notre démocratie ne peut avoir que des impacts négatifs sur le devenir du Burkina Faso.

L’ambiance de l’arène politique nationale est particulièrement lamentable depuis le retour à un ordre constitutionnel normal.

A nos jours, cela se constate à travers l’érosion de la conscience citoyenne et démocratique qui touche autant aux valeurs qu’aux règles de vie en société les plus élémentaires. Cette réalité se manifeste, entre autres, par :

  • La faiblesse, chez bon nombre de citoyens, du sens de l’Etat et des institutions républicaines ;
  • L’émoussement de l’engagement patriotique ;
  • La perte du sens des valeurs traditionnelles ;
  • La faible prise en compte des droits et libertés individuels, soit pour des raisons sociologique, culturel, politique et économique, soit par le peu de prégnance, en la plupart des acteurs, des notions de droits et devoirs civiques et politiques ;
  • La dégradation de l’environnement, notamment urbain, du fait d’une indiscipline généralisée ;
  • La faiblesse du sens des responsabilités familiales, notamment en ce qui concerne l’éducation et la protection des enfants ;
  • La marginalisation des femmes de manière générale ;
  • Le développement de la corruption et la dégradation des mœurs ;
  • La persistance des intolérances d’ordre politique, ethnique et religieux ;
  • Le développement du banditisme et de la délinquance juvénile ;
  • L’instabilité qu’alimentent des foyers de tension d’origines diverses.

Autant de maux qui affectent profondément notre société et hypothèquent gravement les efforts de développement. Il importe impérativement d’inverser ces tendances négatives et d’installer dans toutes les couches et catégories de la population un comportement nourri par la culture du civisme, de la paix, de la démocratie, des droits de l’homme.

Le pays a mis en place des mécanismes appropriés pour atteindre cet objectifet les efforts ont été intensifiés avec une valeur ajoutée plus importante obtenue dans le façonnement des citoyens et l’instauration d’une culture démocratique aussi bien au sein des institutions que de la population. D’importants acquis ont été engrangés, notamment la promulgation de la Constitution de 1991, à travers laquelle le peuple burkinabè s’est «engagé résolument à édifier un État de droit garantissant l’exercice des droits collectifs et individuels, les libertés, la dignité, la sûreté, le bien-être, le développement, l’égalité et la justice comme valeurs fondamentales d’une société pluraliste de progrès et débarrassée de tout préjugé ». Malgré ces avancées significatives, les défis que constitue l’instauration des valeurs essentielles partagées, acceptées et existantes inhérentes au civisme, à la tolérance, à la démocratie, aux droits humains resteconsidérable. Cette situation est aggravée par la pauvreté, l’ignorance et d’autres pesanteurs socioculturelles qui constituent toujours des obstacles à la création effective d’un environnement de paix, de stabilité et de développement.

En conséquence, les réponses apportées sont lentes alors que le mouvement démocratique continue à être fragile et facilement réversible comme l’atteste le regain de la corruption, de l’incivisme, de la violence et de l’intolérance qui s’est manifesté lors des crises sociopolitiques du premier semestre 2011 et des 30 et 31 octobre 2014.

Malgré les avancées significatives, les actions doivent être poursuivies avec des stratégies et approches innovantes qui prennent en compte les spécificités de tous les segments de la population en rapport avec les enjeux actuels de développement du pays.

Cette entreprise de longue haleine ne sera pleinement réalisée que par une lutte sans relâche menée sur plusieurs fronts.

De ce qui précède, il est à noter que notre mouvement n’est pas le produit de la conjoncture actuelle. Il est plutôt le fruit d’une longue réflexion qui vise à renforcer les valeurs humaines, les fondamentaux de la démocratie et des droits humains au Burkina Faso.

Ainsi s’impose magistralement la Troisième Voie !

Sur ce, Mesdames, Messieurs, chers camarades, je vous remercie de votre attention avec espoir que vous serez fidèlement nos meilleurs relais en matière de communication et de diffusion de la Troisième Voie.

Maxime Kabore, Président du PIB