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PROCÈS INSURRECTION POPULAIRE : Les avocats de la défense se retirent, les accusés ont 72 heures pour trouver d’autres conseils

 

Les ministres du gouvernement Tiao étaient au Tribunal de grandes instances (TGI) de Ouagadougou, ce lundi 8 mai 2017 pour répondre des faits qui leurs sont reprochés dans le dossier de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Ce troisième jour du procès, a été marqué par le retrait de l’audience des avocats de la défense. Le tribunal a sommé les ministres comparus de se trouver des avocats dans un délai de 72 heures, bien avant la reprise, prévue pour le lundi 15 mai prochain.


 Selon Me Mamadou Traoré, la défense ne va être complice d’une violation fragrante de la constitution

Le bras de fer entre les avocats de la défense dans le procès Luc Adolph Tiao et compagnie, et la Haute cour de justice (HCJ) est engagé. L’ensemble des avocats ont en effet décidé de se retirer du procès suite au rejet d’une requête formulée par eux par la HCJ. Jugeant anticonstitutionnelle la loi qui n’autorise pas les prévenus à faire appel de la décision rendue par la Haute Cour de justice à la fin du procès, ils ont souhaité que cette dernière renvoi ladite loi au Conseil Constitutionnel, seule institution habileté à statuer sur la question. Ne partageant pas cet avis, la Cour a rejeté ladite requête qu’elle juge de dépourvue d’objet.

Dans un souci de protester contre ce qu’ils qualifient d’injustice qui ne passe pas dans la gorge des avocats en reprenant les mots de Me Antoinette Ouédraogo ; les avocats ont simplement vidé la salle d’audience. D’après elle, la requête posée n’est pas une faculté pour la Haute Cour de justice, mais une obligation, un devoir qui a été simplement refusé. S’exprimant au nom de tous les avocats, elle a déclaré : « nous ne nous reconnaissons pas dans cette justice qui méprise la Constitution, qui méprise les traités internationaux, qui méprise les droits de la défense ». Allant dans le même sens que sa consœur, Me Mahamadou Traoré, resté dans la salle, après la décision rendue c’est être complice d’une violation fragrante de la constitution.

Le cas Hissen Habré évoqué

D’après lui, le peuple s’est insurgé pour protéger sa Constitution. Cette même Constitution selon lui dit que tout justiciable a droit à un procès équitable ; « et ce procès équitable comprend entre autres, le droit de faire appel d’une décision telle quelle soit rendue par n’importe quelle juridiction », a-t-il souligné. Prenant l’exemple de l’ex-chef d’Etat tchadien Hissen Habré, il a rappelé que malgré qu’il soit poursuivi pour crime contre l’humanité, il a eu droit à un appel ; avant de se poser la question de savoir pourquoi des gens qui ont rendu service à la Nation n’en auront pas ? Dans ses explications, il a confié que la loi portant sur la Haute Cour de justice viole non seulement la Constitution du Burkina, mais aussi tous les engagements internationaux.

Ils ont vidé la salle pour protester contre la décision rendue

 Il faut dire que ce retrait des avocats, n’a pas empêché la Cour de poursuivre le procès. A la reprise du procès dans l’après-midi et ayant constaté l’absence des avocats, le président du tribunal a demandé aux ministres accusés de se prononcer sur cette situation.A cette requête, c’est l’ex-Premier ministre Luc Adolphe Tiao qui, au nom des ministres accusés, a pris la parole pour signifier qu’au regard de la délicatesse du dossier, ils ne pourront pas parler sans la présence des avocats.

«A la lumière de ce que vous venez de dire, nous allons vous donner 72 heures pour vous trouver des avocats afin de vous assister», a déclaré le président de la HCJ. Bien avant, Bèbrigda Mathieu Ouédraogo a fait cet argumentaire : «Comme nous l’avons déjà dit, nous tenons à ce que ce procès se tienne dans la sérénité, dans l’objectivité (…) Nous avons fait en sorte que les droits de la défense soient garantis».

A nouveau, le président de la HCJ a suspendu le procès aux environs de 16 heures et l’a renvoyé au lundi 15 mai 2017 à 9 heures.

Mariam Koné