Kosyam: Les indiscrétions de la rencontre avec les hommes politiques

Kosyam: Dans les couloirs de la rencontre entre Sandaogo Damiba et les politiciens
Par Lassané SAWADOGO –
2 février 2022

Rencontre entre le chef de l’Etat, Sandaogo Damiba et les responsables politiques Ph: Présidence du Faso
Après la présentation de l’Acte fondamental du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), son président, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, par ailleurs, président du Faso, Chef de l’Etat, chef suprême des Armées, continue ses consultations avec les différentes couches de la société burkinabè. Le mardi 1er février 2022, c’est la classe politique qui a été reçue au Palais de Kossyam. Des sources de www.minute.bf, alors que les politiciens, tous bords confondus s’attendaient à des échanges sur le déroulé du programme du MPSR et son calendrier électoral, la rencontre s’est plutôt apparentée à une mise en garde et/ou précisément une « moralisation » de la classe politique. Allons écouter les couloirs de la présidence avec www.minute.bf !

Il est 9h, les politiciens, vêtus de leurs belles tuniques se présentent devant le Palais de Kosyam, circonstance oblige. C’est tout joyeux comme des agneaux avec des mines pleines d’envie politique que les animateurs de la vie publique de ces dernières années et…plus, se sont présentés au palais. Une atmosphère qui allait changer avec la suite des événements.

Tout d’abord, ils ont été bloqués à l’entrée de Kosyam, obligés de patienter sous les arbres dehors. Deux heures durant. Une stratégie pour amener cette « élite » à se frotter. « Nous étions obligés pendant les 2 heures de nous réconcilier, de détendre l’atmosphère », ironise un leader politique qui a pris part à la rencontre: « C’est comme si nous n’étions jamais rentré à Kosyam. Toutes nos voitures et nos chauffeurs sont restés dehors. »

Il est 11h quand le désormais homme fort du Burkina Faso marque son arrivée à Kossyam, prêt à recevoir la classe politique. Que va-t-il leur dire ?

Les hommes politiques n’allaient pas tarder à être situés. Un autre participant nous décrit un « ton sévère » dès l’ouverture de l’audience.

Vient la séance de présentation des responsables de partis politiques. « Je m’appelle Bala Sakandé, président du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP)», s’est présenté le désormais ex-président de l’Assemblée nationale. Et au président du MPSR de lui demander : « Tu étais où ? » -« J’étais dans une cachette ! », répondit Bala Sakandé. -« Qui te cherchait ? On ne te cherchait pas ! Tu as fait quoi pour te cacher ? », l’a sèchement relancé le président du Faso. Des échanges qui tranchent d’avec certaines informations du moment du renversement du président Roch Kaboré, selon lesquelles Bala Sakandé avait été conduit au camp de gendarmerie de Paspanga.

Le ton est donné. Vint le moment de l’objet de la rencontre. « Tout le monde est collectivement responsable de la dégradation de la situation », a d’emblée fait savoir le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba pour situer les responsabilités. « Même si l’armée n’en est pas moins responsable, vous les politiques assis ici-là, vous êtes à 100% responsables », a-t-il véhément lancé à ses invités.

« C’était presqu’une mise en garde », commente un autre temoin qui va plus loin en parlant même « d’un « sermon », d’une « moralisation de la classe politique. » « Le président nous a moralisés. Il a renvoyé les acteurs politiques à un examen de conscience », confie-t-il avant d’ironiser : « tout ce qu’on avait préparé pour venir a été oublié. Quel est votre calendrier ? Personne n’a osé demander cela. »

C’est plutôt M. Damiba qui a continué dans son speech en les conseillant : « je vous demande d’éviter le militantisme débordant, l’activisme politique débordant pendant ce processus. »

Président du Faso, Chef de L'État, Chef Suprême des Armées

Les indiscrétions de la rencontre entre le Président du Faso et les hommes politiques

Après « la moralisation » et comme pour adoucir l’atmosphère, le président du MPSR a promis aux politiciens qu’il pourrait convoquer certains d’entre eux selon leurs « compétences ». « On ne bâtit pas la nation seul. C’est sûr qu’il y a des compétences partout et partout où le besoin se fera, nous allons chercher cette compétence. Cela peut être dans votre sein », leur a-t-il expliqué avant de les prévenir : « mais sachez que ce n’est pas au titre de vos chapelles politiques. » « Individuellement chacun doit venir avec un esprit patriotique et par amour pour le pays », a clairement fait savoir l’homme fort.

« Cela a été très bien fait », a commenté une de nos sources qui dans l’ensemble, a retenu un homme « engagé », qui dit n’être pas venir pour « faire la politique ».

C’est en substance ce qui s’est dit dans les couloirs de Kosyam avec les politiciens. La classe politique a pris sa dose, comme on le dit dans le jargon. Impossible de ne pas se demander ce qui en sortira d’une éventuelle rencontre avec les Organisations de la Société civile (OSC). Visiblement, les militaires connaissent la source du mal du pays. Vivement que les mises en garde se poursuivent et soient suivies d’effet.

La rédaction

Minute.bf