GILBERT DIENDERE AUX DÉPUTES DE L’ ASSEMBLÉE NATIONALE : « Blaise ne m’a jamais demandé de prendre des armes contre quelqu’un »

Le Général Gilbert Diendéré a profité de la visite des députés de l’Assemblée nationale à la Maison d’arrêt et de correction de l’armée (MACA) le 30 mars 2017, pour se prononcer sur des propos de Simon Compaoré selon qui, l’ex-Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) était une milice.


« Je considère cela comme un manque de respect ».

« Je ne suis pas d’accord quand Simon Compaoré dit à la télévision que le RSP est une milice. Nous n’accepterons jamais qu’on dise que le RSP était une milice », a fait savoir Gilbert Diendéré aux députés de l’Assemblée nationale lors de leur visite à la MACA, le jeudi 30 mars dernier. Pour l’ancien chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, l’ex-RSP était un corps qui a été régulièrement créé par décret, le 21 novembre 1995 (dont il a remis une copie aux députés pour être transmise au ministre de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré). Ce décret prévoyait, selon lui, toutes les conditions relatives au traitement des éléments du RSP. Parmi les signataires de ce décret, a-t-il souligné, figure le nom de Roch Marc Christian Kaboré qui, en son temps, était Premier ministre. De ce fait, selon Diendéré, Simon Compaoré ne peut pas dire aujourd’hui qu’il ne connaît pas ce décret auquel son Président a pris part. « Je considère cela comme un manque de respect ». Toujours selon Gilbert Diendéré, les éléments de l’ex-RSP étaient directement recrutés parmi les militaires, juste après leur formation à Bobo-Dioulasso. « Ce sont des personnes régulièrement recrutées et intégrées dans un corps régulièrement créé », a-t-il ajouté.

« C’est parce que Blaise Compaoré a constaté que leur salaire était bas qu’il avait décidé de l’augmenter. Et n’y avait pas que le RSP qui travaillait à la présidence, il y avait aussi des gendarmes et un escadron … Les gendarmes touchaient plus que les ex-RSP qui étaient toujours là, à assurer la garde, car eux (les gendarmes, ndlr) étaient considérés comme des sous-officiers ». De plus, selon Diendéré, après la dissolution du corps, sur les 1300 éléments qui constituaient le RSP, il n’y a qu’une centaine qui a été arrêtée et les 1200 autres ont réintégré les Forces armées nationales, et parmi eux, certains servent au Nord, et risquent leur vie tous les jours pour défendre le pays, a fait remarquer le général. « Imaginez que ces derniers apprennent les propos de leur ministre. Que penseront-ils » ? D’après lui, en tant que ministre de la Sécurité, Simon Compaoré ne devrait pas tenir de tels propos. « Je croyais que c’était des propos populistes de la Transition parce qu’elle visait des objectifs, mais je vois que cela continue.

Il faut qu’on arrête cela, sinon ce sera difficile pour nous de vaincre le terrorisme qui sévit actuellement dans le pays. Vous qui êtes là actuellement (à l’endroit des députés), ne tombez pas dans ce jeu. Sinon, on ne va pas s’en sortir », a martelé Gilbert Diendéré. Ce dernier s’est aussi prononcé sur les armes dont disposait l’ex-RSP. « Ils ont dit aussi qu’on avait des armes lourdes, que notre puissance de feu était supérieure à celle de la Transition. Quand on a été bombardé le 29 septembre 2015, c’était avec des B14 et des canons de l’artillerie. Leur puissance de feu était nettement supérieure à la nôtre. Moi, mon objectif était la cohésion de l’armée. Blaise ne m’a jamais demandé de prendre des armes contre quelqu’un », a conclu le général Gilbert Diendéré.

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